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Un Burkinabé actuellement détenu au centre fermé de Steenokerzeel a envoyé un message poignant au roi Philippe, relayé ce lundi par le site internet du Vif. Yameogo Rodrigue Didas Ouitebpigba, de nationalité burkinabée et résidant aux Etats Unis depuis 2016 est arrivé en Belgique de façon tout à fait involontaire, alors qu'il était en transit pour les Etats Unis.

"Je m'étais rendu au Burkina Faso suite à une convocation du juge d'instruction pour donner mon témoignage dans le cadre des assassinats d'un journaliste burkinabé", écrit-il. Menacé dans son pays suite à ce témoignage, M. Ouitebpigba a rapidement mis sa famille à l'abri avant de prendre un vol retour pour les Etats Unis.

Lors de son escale à Bruxelles, il a demandé une protection à la police des frontières et a ensuite été conduit au centre Caricole, où il est détenu détenu depuis le 12 juillet de cette année. "C'est alors que mon calvaire en Belgique a commencé, car je me trouve coupable du délit d'avoir demandé une protection internationale", poursuit-il. "Jusqu'à ce jour, je reste sans nouvelles d'une décision me concernant."

Le 1er octobre 2018, la Chambre du conseil du Tribunal de première instance de Bruxellesa pourtant ordonné, sur avis conforme du Procureur du Roi, la libération immédiate de M. Ouitebpigba. Mais l'Office des étrangers a fait appel de cette décision, prolongeant ainsi sa détention dans un ping pong juridique inhumain.

"Excellence, je viens vers vous, parce que je ne savais pas que demander une protection internationale au Royaume de Belgique était un délit susceptible d'une privation de liberté pendant plusieurs mois, sans savoir ce qu'il adviendra de moi", regrette M. Ouitebpigba. "Pour avoir voulu rendre justice à un journaliste qui n'avait que sa plume pour dénoncer une injustice, j'ai déjà passé 3 mois dans une prison belge qui ne dit pas son nom, le centre fermé Caricole ( à Steenokerzeel, ndlr)."

"Excellence, j'avais toujours entendu dire que le Royaume de Belgique était l'un des berceaux des droits humains, mais je me rends compte que je suis victime en Belgique de la couleur de ma peau. Je m'indigne du traitement dont sont victimes les étrangers de couleur, bien souvent d'Afrique, dans les centres fermés en Belgique. La plupart sont menottés, attachés, cagoulés, pour être déportés dans le pays qu'ils ont fui. On s'acharne contre les peaux de couleur dans les centres fermés, à tel point que des enfants, des femmes enceintes, des personnes âgées, des personnes atteintes de maladies graves comme le cancer, y sont enfermées.", écit-il avant de conclure son poignant témoignage.

"Oui, Excellence, aujourd'hui dans votre Royaume, votre Gouvernement applique une politique migratoire qui pourrait être assimilée à du racisme."

signé: Yameogo Rodrigue Didas Ouitebpigba
Centre fermé Caricole

(LpR - Source : Le Vif/Picture : Belga)