Tagtik

6.000 morceaux, 650 pseudos, cet inconnu est le roi de Spotify...

Avec plus de 15 milliards d'écoutes cumulées, il est le musicien suédois le plus écouté sur Spotify, loin devant Abba ou Avicii, et pourtant son nom est pratiquement inconnu du grand public. Johan Röhr est un pianiste discret qui a su capitaliser sur la montée en puissance des playlists d'ambiance sur la plateforme de streaming, tout en se cachant derrière une multitude de pseudos.

Ce musicien de 47 ans, vivant à Stockholm, a longtemps travaillé dans l'ombre pour des émissions de télévision et des artistes suédois. Mais il est resté totalement inconnu du grand public. Pourtant, il est devenu l'artiste suédois le plus écouté sur Spotify, avec 15 milliard de streams devançant dans les chiffres des légendes internationales telles que Elton John Mariah Carey, Britney Spears ou Metallica. L'astuce ? Son travail n'est jamais signé de son vrai nom.

Un exemple? La prétendue pianiste Maya Aström, présente sur une playlist instrumentale de Spotify intitulée "Piano in the Background" semble bien réelle avec son propre profil et sa vaste discographie. Mais Maya Aström est l'un des 650 pseudos derrière lesquels se cache Johan Röhr. Une révélation que l'on doit au quotidien suédois Dagens Nyheter.

Parmi les nombreux pseudonymes utilisés par Röhr, on trouve Csizmazia Etel, Minik Knudsen, Aldemar Borrego, Jason Larochelle ou Mingmei Hsueh. Mais quel que soit le nom utilisé, le style musical reste le même: une musique mainstream, consensuelle, minimaliste et apaisante, interprétée au piano, idéale pour la détente. Au total, ces playlists comptent plus de 62 millions d'abonnés. De quoi rapporter à Johan Röhr près de 3 millions d'euros de revenus annuels.

Depuis que son identité a été révélée, Johan Röhr n'a pas souhaité commenter cette affaire, laissant son label, Overtone Studios, prendre la parole à sa place. Ce dernier estime que l'utilisation de multiples pseudonymes est tout à fait légale. Cependant, le volume de musique publiée par Röhr - plus de 2700 morceaux instrumentaux - soulève des questions sur la dimension industrielle de cette pratique, ainsi que sur le rôle de Spotify dans la promotion de ces morceaux.

Cette affaire met en lumière les défis posés par la mise en avant des artistes sur les plateformes de streaming, alimentant les critiques contre Spotify, souvent accusé de favoriser les artistes populaires au détriment des auteurs/compositeurs plus confidentiels ou originaux.

Avec la répétition à l'infini des mêmes formats et des mêmes mélodies, il est légitime de se demander la composition musicale nécessitera encore des êtres humains à l'avenir ou si l'intelligence artificielle prendra le relais.

(LM- Source : Le Monde du 26 mars/Picture : StockSnap via Pixabay)

Léopold Marie

Léopold Marie

Journaliste FR @ Tagtik - Rubriques mobilité - environnement - voyages

Pour aller plus loin