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Elle est la dernière à avoir parlé aux 3 terroristes de Zaventem

Ce matin-là, elle prend les commandes au comptoir, ses collègues se chargeant de préparer les plateaux pour les clients, nombreux à cette heure. Dans la file, trois hommes patientent...

Najim Laachraoui, Brahim El Bakraoui et Mohamed Abrini, l’homme au chapeau, ce dernier légèrement en retrait. Valérie sert les cafés commandés. "Ils ont pris le plateau et se sont installés à la terrasse", explique la dernière personne à avoir parlé aux terroristes de Zaventem, dont le témoignage a été recueilli par la Dernière Heure.

"Je ne me rappelle pas exactement de leur commande. Des croissants et trois cafés je pense (...) Et pourtant, je me souviens d’eux parce qu’il y a eu un incident. Celui qui était devant le comptoir était occupé avec son GSM et gardait la tête baissée. C’était désagréable (...) ."

Dans les secondes qui vont suivre, la vie de Valérie Mbokango va basculer. "J’ai débarrassé leur table quand ils ont eu fini et se sont levés. En revenant vers le comptoir de Délifrance, j’ai remarqué que j’avais laissé tomber mon chiffon. Je suis donc revenue vers la terrasse. Je me me baissais pour ramasser le chiffon. Et la première bombe a explosé.

"On ne réfléchit pas. Mon réflexe a été de m’accroupir. La première bombe a sauté du côté des comptoirs de Delta, la seconde du côté de ceux d’American Airlines. On ne pouvait qu’attendre sa mort. C’est ce que j’ai fait, attendre ma mort," se souvient-elle. Mais Valérie Mbokango se relève. "Physiquement, je marche. Dans la tête, c’est comme dédoublé. Je suis ailleurs. Le raisonnement, les émotions viendront plus tard." Instinctivement, elle se dirige vers la sandwicherie. "Nous étions cinq ou six. Des collègues avaient commencé à 4 h. Y avait-il des blessés ?"

Valérie Mbokango remarque alors la présence, près de la terrasse, d’un chariot à bagages abandonné avec une petite valisette noire. La troisième bombe, déposée devant la terrasse du Délifrance, sans doute pour faire un maximum de victimes. Mais la troisième bombe n'explosera pas...

"Mes collègues avaient quitté les lieux. J’étais au milieu d’une scène de guerre, avec des gens à aider qui criaient et hurlaient, du sang, des membres arrachés. Et les morts", rembobine-t-elle.

C'était il y a 3 ans, le jour le plus funeste de la vie de Valérie. Et de centaines de milliers d'entre nous.


(LpR - Source : La DH/Photo by VanveenJF on Unsplash)

LpR

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Journaliste FR @Tagtik - Rubriques politique - société - économie - conflits

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