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A l’imparfait du subjectif - #4 - Garçon ! Une demi !

Coups de cœur ou coups de sang, Gilles Maes partage avec nous ses émotions sportives. Quand l’œil acéré d’un éternel sceptique croise le regard émerveillé d’un éternel enfant , cela donne une chronique forcément anachronique. Préface de Belgique-Italie, à l’imparfait du subjectif…

 

"Les Diables font partie des huit meilleures équipes d’Europe.

La demi est en vue, au bout de ce vendredi.

Mais avant il faudra battre l’Italie. Pas une sinécure.

Et on ne sait toujours pas si Kevin et Eden seront réparés dans les délais.

 

Fichue UEFA ! Pas capable de nommer un arbitre à la hauteur de la tâche.

On les connaît pourtant les Portugais.

Pour peu qu’on suive le foot on sait que, quand le match n’évolue pas comme ils le désirent, leur devise devient "Tous les coups sont permis".

Déjà en 1966 un certain Joao Morais exécutait Pelé en le fauchant en pleine course.

On se souvient aussi de ce match de chiffonniers entre le Portugal et les Pays Bas en 2006 qui accoucha de 16 cartons jaunes et 4 rouges.

Et qui ne connaît pas Pepe ?

Et maintenant on ne sait toujours pas si Kevin et Eden seront réparés dans les délais.

 

Oui, oui, j’ai lu que les Belges avaient gagné à la Française…

Meuuuuh non !

Voilà encore les Français qui pensent qu’ils ont inventé le catenaccio.

C’est un Autrichien sévissant en Suisse au Servette qui a pondu ça.

Après l’Italie entière a adopté le système avec les résultats que l’on sait.

Et c’est vrai que la France de Jacquet jusqu’à celle de Deschamps applique ce système avec plus ou moins de réussite. A ce propos, c’est ce bon Césare Maldini, lucide, qui a déclaré en 1998 après la victoire française « Nous avons accouché d’un monstre ».

 

Il semblerait que l’Italie, depuis, ait abandonné ce système.

Au camion balai le catenaccio !

Mwouai… On verra.

Parce que tout à fait entre toi et moi, ça fait plus de 40 ans que j’entends ça.

Mais je ne l’ai pas souvent vu.

 

Ah ! L’Italie comme elle est belle ! Comme elle est chaleureuse !

Comme on ne peut que l’aimer !

La Belgique et l’Italie c’est une histoire d’amour.

Oh ! Pas à cause que Umberto di Savoia et Marie-Josée, hein ! Non, non.

Plutôt depuis que tous ces travailleurs, ces mineurs sont venus avec leur délicieuse boustifaille (la meilleure cuisine du monde, les charcuteries, les fromages, les vins) enrichir notre pays en sortant le charbon de nos mines. Une histoire, d’amour de drames, de courage aussi, de joies et d’harmonie. Et les harmonies ne se composent pas, elles existent ou non.

La Belgique et l’Italie, ça fait des années qu’elle vivent ensemble. Elles ont leurs habitudes.

Elles s’aiment, quoi.

 

J’aime l’Italie.

J’aime les Italiens.

 

Iginio Martino Slongo, grand-père de la maman de mes enfants qui sortit un soir de 1930 pour aller acheter des allumettes et qui n’est jamais revenu. (Si c’est pas italien ça?) .

Les Ferrari, Maseratti, Lancia, Alfa et cetera.

Les Cerami, Coppi, Bartali, Gimondi, Cipollini, Pantani, Nibali et ceteri.

Les Strade Bianche, Milan – San Remo, le Giro, le Tour de Lombardie.

Les aventures du Signor Spaghetti et de son inséparable cousin, frère de pizza, Prosciutto. Merci Dino Attanasio.

Le cinéma de Visconti, De Sica, Leone, Scola, Comencini, Risi, Rosi et tutti quanti.

Sophia Loren, Gina Lollobrigida (dont le portait trônait dans le studio de mon photographe de père), Claudia Cardinale, Monica Belucci, Anna Magnani, tutto bello.

Marcello Mastroianni, Robert de Niro, Al Pacino, Lino Ventura, Vittori Gassman, Alberto Sordi , Toto, Rocco (kof,kof), tutti talentuosi.  

Salvatore Adamo, Frank Sinatra, Dean Martin, Dion Dimucci, Adriano Celetano, Yves Montand, Serge Reggiani, Paolo Conte, Claude Bar… heuuuuu non celui-là quand même pas. Qu’est-ce que tu veux, personne n’est parfait, tu ne peux quand même pas me demander d’aimer tout le monde.

 

Il y a peu de chose que je n’aime pas en Italie.

Les monstrueuses verroteries de Murano.

L’imbuvable Limoncello intolérable à mes papilles gustatives.

Les nostalgiques de Mussolini.

Et leur football.

Aie ! Voilà j’en vois plein parmi vous qui du coup ne m’aiment plus.

Je viens de perdre 40 % de mes admirateurs ; Déjà qu’il n’y en avait pas des masses.

Non. Je n’aime pas leur football. Pas nécessairement à cause du catenaccio qui n’est quand même pas jojo à regarder. Et puis tout le monde aujourd’hui applique ce système à un moment ou un autre. Faut bien défendre et la tactique, dans le foot d’aujourd’hui, a pris le dessus sur la spontanéité et le talent pur.

Non, ce qui me gène dans le foot italien, c’est l’anti-jeu.

Les tirages de maillot, les fautes nécessaires parfois brutales comme celle de Bertini en 1972 qui brisa la jambe et une partie de la carrière de Wilfrid Van Moer. Et puis tout le cinéma, cette simulation de ces gars qui se tordent de douleur en hurlant parce que le défenseur adverse est passé à deux centimètres d’eux ou lorsque qu’ils viennent eux-même de défoncer un adversaire.

Ça c’est insupportable.

 

N’empêche que pour l’instant l’Italie joue bien et proprement. Beaucoup de mobilité et de rapidité en possession du ballon et toujours une défense imprenable. Alors que les Diables s’ils courent beaucoup en perte de balle, ils sont assez statiques quand ils possèdent le cuir (y a-t-il encore du cuir là dedans?).

 

Le match est ouvert et celui qui encaissera le premier devra vachement se démener pour égaliser.

 

Qui de Rome ou de Romelu sortira vainqueur ?

Vous le saurez vers 23h ou un peu plus tard s’il y a des prolongations ou même des tirs au but.

 

Finalement, que ce soit la Belgique ou que ce soit l’Italie qui gagne, ça restera dans la famille."

(Gilles Maes/Picture : Facebook Red Devils)

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