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Sepp Kuss est-il devenu le véritable leader de Jumbo sur cette Vuelta ?

L'Américain est-il devenu hier, au terme du chrono de Valladolid, la meilleure carte de la formation Jumbo-Visma sur cette Vuelta ? Est-il désormais de facto l'adversaire numéro 1 de Remco Evenepoel? Il a en tous cas de bonnes raisons d'y croire. Analyse...

Sur un tour de trois semaines, les épreuves contre-la-montre ne mentent jamais. Personne ne peut se cacher, personne ne peut profiter du travail de ses équipiers, personne ne peut serrer les dents et donner le change dans pareille épreuve de vérité.

Un chrono, c'est toujours le parfait révélateur de l'état de forme des uns et des autres et un exact reflet de la hiérarchie entre les favoris.

A priori, Remco Evenepoel peut donc être rassuré ce mercredi matin, même s'il semblait lui-même peu satisfait de sa performance sur ce parcours de 25 km autour de Valladolid. Concédant une quinzaine de secondes à Filippo Ganna, qui n'est pas un prétendant  au classement général, il a pris du temps à tous les favoris et en particulier aux trois pointes du redoutable trident de Jumbo-Visma, qui paraît nettement moins acéré et compact qu'avant le départ de cette épreuve chronométrée.


Commençons par Jonas Vingegaard. A des années-lumière de sa performance stratosphérique, il y a six semaines dans le chrono de Combloux, le Danois a concédé plus d'une minute à Evenepoel et se retrouve désormais à 1'10" du Belge et... à 2'22" de Kuss au général. C'est beaucoup.

Nettement moins saignant qu'au Tour de France, tant en montagne qu'en contre la-montre, son pic de forme est clairement passé et la surcharge psychologique est là. Le voilà ravalé au rang d'équipier et de troisième homme de la formation néerlandaise.  Son rôle désormais ? Attaquer le premier et travailler pour son équipe pour déstabiliser Evenepoel, lui qui avait annoncé qu'il était venu pour aider Roglic à gagner la Vuelta.

Mais le leader de Vingegaard est-il vraiment Roglic ? Hier, le Slovène a perdu vingt secondes sur Evenepoel et la première semaine de cette Vuelta a démontré qu'il n'était pas plus fort que Remco en montagne. En outre, il n'a repris qu'une cinquantaine de secondes à son équipier Sepp Kuss, 13e du chrono, qui a très bien tenu le choc et qui possède toujours 1'36" d'avance sur Roglic au général.

L'heure des choix a donc sonné au sein de la formation Jumbo-Visma qui doit désormais établir une hiérarche claire pour la suite de cette Vuelta.


Or, les 10 étapes encore à venir dans ce Tour d'Espagne s'annoncent particulièrement croustillantes et montagneuses avec 6 arrivées au sommet !

Cela commence dès ce mercredi avec une arrivée en côte à Laguna Negra. Vendredi, ce seront l'Aubisque, le Soulor, la Spandelle et l'arrivée au sommet du Tourmalet. Samedi, trois cols encore et arrivée au sommet du Puerto de Belagua. Mardi prochain, nouvelle arrivée au sommet à Bejes. Mercredi, ce sera le clou du spectacle avec l'arrivée au sommet de l'Angliru, précédée de deux cols de première catégorie. Et pour ceux qui n'en auraient pas encore assez, jeudi, quatre cols et arrivée au sommet de La Cruz de Linares, escaladée deux fois.

Autant dire que le menu semble taillé sur mesure pour l'appétit de pur grimpeur de Kuss (en Espagne, les cols sont plus raides et moins roulants qu'en France). S'il est protégé par Vingegaard (qui pourra aussi harceler Evenepoel) et avec un rouleur comme Roglic pour travailler en cas de coup dur entre deux cols, il semble pouvoir se glisser dans la peau du favori logique de ce Tour d'Espagne, avec un matelas d'une minute sur Evenepoel. Attention aussi au trio UAE Team Emirates avec Soler, Almeida et Ayuso, qui pourraient jouer les trouble-fêtes.

Pour Jumbo Visma, qui rêve de remporter les trois grands tours disputés en 2023, désigner Kuss comme leader serait simplement logique au vu du classement général et du parcours restant. Mais ce serait aussi une façon de renvoyer l'ascenseur à un équipier modèle, qui s'est dévoué en 2023 pour Roglic sur le Giro et pour Vingegaard sur le Tour (il dispute son troisième grand tour de l'année!).


Considéré comme un des meilleurs escaladeurs du peloton, il n'a jamais pu véritablement jouer sa carte sur un épreuve de trois semaines. Sur cette Vuelta 2023, la course et les jambes ont parlé et Kuss s’est dans doute découvert de nouvelles ambitions. Jumbo-Visma les laissera-t-elle éclore? (LpR/Picture : Pixabay)

LpR

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Journaliste FR @Tagtik - Rubriques politique - société - économie - conflits

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