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Terrains synthétiques: la Ministre sort le carton jaune

Soulevée par le magazine "So Foot" et amplifiée par un reportage de "Questions à la une" diffusé en novembre sur la RTBF, la polémique enfle sur le danger potentiel des petites billes de caoutchouc répandues sur les terrains de foot synthétiques que fréquentent nos enfants et de nombreux sportifs adultes.

Ces granulés noirs (billes SBR) en caoutchouc qui jonchent les pelouses artificielles et qui entrent dans les chaussures et les vêtements des sportifs contiendraient de nombreuses substances potentiellement cancérigènes, révèle l'enquête "Questions à la une", malgré les dénégations des fabricantsdes autoriéts du football ou de la Fifa.

Aux Etats-Unis, où ce type de surface existe depuis longtemps, de nombreux cas de lymphomes ont été relevés chez des sportifs évoluant sur ces pelouses artificielles et particulièrement chez les gardiens de but, qui sont en contact fréquent avec le sol et s'occasionnent des blessures aux genoux et aux coudes. Ces particules fines ont en effet tendance à coller à la peau, aux cheveux, ou, pire, à s'infiltrer dans les plaies.

Composées de restes de pneus broyés, ces petites billes de caoutchouc permettent aux brins d'herbe artificielle de tenir debout, d'améliorer la souplesse du terrain et de mieux résister aux multiples chocs subis. Il faut 23 000 pneus en fin de vie pour produire le nombre de granulés nécessaire à la création d'un seul terrain de foot classique.

Mais ces granulés noirs contiendraient de nombreuses substances potentiellement cancérigènes. En 2008, des chercheurs américains ont révélé la présence d'arsenic, de chrome et de plomb dans ces petites billes. Des substances à nouveau signalées cinq ans plus tard par un journal néerlandais.

A l'heure où ce genre de terrains se multiplie à cause de leur faible coût d'entretien et où la mode de l'Urban foot (joué à 5 contre 5) fait fureur, les parents des jeunes sportifs et les sportifs tout court ont du souci à se faire. Aux Pays-Bas, en Suède et à New York, par exemple, les responsables ont choisi d'appliquer le principe de précaution en décidant de détruire progressivement ces terrains, de les remplacer ou tout simplement de les interdire.

En Wallonie et à Bruxelles, 83% des terrains communaux utilisent ce matériau, indique La Dernière Heure. 

Dans le sud du pays, la Ministre compétente, Valérie De Bue (MR), finance les études sanitaires lancées par les communes qui en font la demande. Elle invite ainsi les 125 clubs concernés à évaluer les concentrations de substances toxiques. En parallèle, certaines communes prennent des initiatives. C'est par exemple le cas de la commune d'Anvaing, dans la Hainaut, qui remplace les billes SBR de son terrain par des billes en Ecofill, des coques de noix de coco pulvérisées et mélangées avec la fibre de coco. 

À Bruxelles, la secrétaire d'État chargée du dossier, Fadila Laanan (PS), est bien consciente du problème. Après avoir demandé aux 19 communes de dresser une liste de leurs terrains synthétiques, l'élue adopte une position pragmatique. "Nous préférons prendre nos précautions et financer des mesures de prudence. Raison pour laquelle j'ai suspendu les subsides pour ce type de granulets, et j'invite les communes qui souhaitent renouveler leurs terrains par des billes de Liège ou de coco à entrer une demande de subsides pour le mois de février prochain au plus tard ".

(FvE & LpR - Source: La DH - Illustration picture : Pixabay)

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