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L'insupportable puanteur d'une médaille d'or

On dit que l'argent n'a pas d'odeur. Hier on a surtout eu la preuve que l'or n'avait pas de prix. La médaille d'or de l'Algérien Taoufik Makhloufi sur le 1500 est - disons-le d'emblée - franchement malodorante, car elle célèbre le triomphe du cynisme sur l'esprit olympique. Inscrit par sa fédération sur le 800 m et le 1500 m, Makhloufi avait finalement décidé de privilégier le 1500 m après sa qualification facile pour la finale sur cette distance. Mais, sa fédération ayant "oublié" de le désengager à temps, Makhloufi avait simulé une blessure et abandonné en série du 800 m, après un petit "jogging" provocateur de 150 mètres. Exclu des Jeux lundi pour comportement antisportif et pour ne pas avoir honnêtement défendu ses chances, il avait finalement été blanchi sur présentation de certificats médicaux. On aimerait connaître l'identité du médecin peu scrupuleux qui a attesté de sa blessure... tellement réelle qu'elle ne l'a pas empêché de gagner mardi la finale du 1500 m en surclassement le lendemain des examens. Une histoire qui ne grandit ni la fédération algérienne, ni l'athlète concerné, ni le médecin menteur. Après les petits calculs minables du même accabit en badminton et en basket, ce nouvel incident bafoue la morale sportive et ternit la philosophie de ces Jeux. Car, qu'on ne s'y trompe pas, les petites embrouilles de Makhloufi sont avant tout la marque d'un évident manque de respect pour ses adversaires. Le CIO aurait été mieux inspiré de ne pas céder au chantage de ce certificat médical sorti de nulle part. Et se grandirait en tapant du poing sur la table pour sanctionner durement le vainqueur de cette course de dupes. Car cette médaille d'or nous donne tout simplement envie de nous boucher le nez... (LB/Picture : Belga)

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