Tagtik

Le mammouth de retour sur Terre, 10 000 ans après sa disparition?

Les scientifiques ne ménagent pas leurs efforts pour redonner vie à certains espèces disparues. Une société basée à Dallas, baptisée "Colossal Biosciences" relève même un défi époustouflant : faire revivre le mammouth laineux, disparu de la surface du globe il y a 4 000 ans d'ici 2028...

La start-up américaine Colossal Biosciences a pour ambition de ramener à la vie des espèces éteintes en modifiant le génome d'animaux actuellement présents sur la planète. Ce projet, nommé "désextinction", vise à réintroduire des espèces disparues il y a des décennies ou des millénaires en utilisant les dernières avancées en génétique. Les cerveaux derrière cette initiative sont le généticien de l'université de Harvard, George Church, et l'entrepreneur technologique Ben Lamm, qui ont fondé Colossal Biosciences l'année dernière.

En septembre 2021, la start-up a réussi à lever 15 millions de dollars (environ 13 millions d'euros) avec pour objectif de ressusciter non pas un dinosaure, mais un mammouth laineux, éteint il y a plus de 10 000 ans pendant le Pléistocène. Plutôt que de cloner ces animaux, l'idée est de faire évoluer une espèce existante en lui ajoutant les caractéristiques de l'espèce éteinte. Dans le cas du mammouth laineux, l'éléphant d'Asie est considéré comme son parent le plus proche, avec 95% de leurs  génomes respectifs en commun.

Pour atteindre cet objectif, Colossal Biosciences a séquencé l'ADN d'un éléphant d'Asie et comparé son génome à celui d'un mammouth laineux dont des cellules ont été récoltées en Russie en 2018. La start-up a identifié une cinquantaine de traits distinctifs du mammouth laineux, tels que la fourrure dense, des oreilles plus petites, une adaptation de l'hémoglobine aux basses températures, une production importante de tissu adipeux, etc.

L'étape suivante consiste à utiliser la biotechnologie pour modifier l'ADN de l'éléphant d'Asie. Colossal Biosciences estime que la création de cette nouvelle espèce pourrait se concrétiser d'ici 2028, en implantant l'embryon modifié dans l'utérus d'une éléphante d'Afrique, avec une gestation prévue de 18 à 22 mois.

Laetitia Garriott de Cayeux, PDG de Global Space Ventures et investisseuse de Colossal, souligne que la technologie d'édition du génome CRISPR/Cas9 ouvre la voie à la désextinction. L'objectif environnemental de Colossal est de réintroduire le mammouth laineux en Arctique pour préserver le permafrost, qui représente actuellement 20 % de la surface terrestre et est menacé par le réchauffement climatique.

Colossal a récemment annoncé un nouveau projet parallèle visant à redonner vie au thylacine, également connu sous le nom de "loup de Tasmanie", éradiqué par l'homme il y a près d'un siècle. En partenariat avec l'université de Melbourne, la start-up espère rééquilibrer les écosystèmes australiens en ramenant cette espèce emblématique disparue depuis 1936. Si ces projets se révèlent viables, ils pourraient contribuer à la conservation des espèces en danger, face à la perte dramatique de la biodiversité constatée depuis 1970 selon le Fonds mondial pour la nature.

(LpR avec Skwadra - Source : NBC Los Angeles/Photo d'illustration : Wikicommons Mauricio Antón, under license CC BY 2.5 , via Wikimedia Commons)

LpR

LpR

Journaliste FR @Tagtik - Rubriques politique - société - économie - conflits

Pour aller plus loin