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Condamnés pour terrorisme, ils attaquent la Belgique en justice

Quel sort réserver aux détenus condamnés pour terrorisme, ultra-radicalisés et dangereux, tout en respectant la loi et les droits de l'homme? La Belgique a fait le choix de les isoler en créant deux ailes de prison spéciales à Ittre et Bruges. Ces ailes, baptisées Deradex, ont pour objectif d'éviter que les idées de ces prisonniers ne contaminent les autres détenus.

Mais huit condamnés contestent aujourd'hui leurs conditions de détention dans l'aile Deradex de la prison d'Ittre. Ils dénoncent "l'arbitraire" de l'administration pénitentiaire. Parmi eux on retrouve le recruteur Jean-Louis Denis, dit "Le Soumis", condamné à cinq ans pour avoir envoyé deux mineurs en Syrie. Mais aussi Souhaib El Abdi, condamné à 16 ans de prison pour sa participation à la cellule terroriste de Verviers.

Les reproches des huit condamnés à l'Etat belge sont de deux ordres. Ils contestent d'abord les conditions matérielles de leur détention dans l'aile Deradex d'Ittre. Les prisonniers qui y sont détenus sont interdits de préau et de promenade et n'ont pas vu le soleil depuis des années. "Ils n'ont pas accès aux activités de la prison, n'ont pas d'autorisation de sortie, n'ont pas accès à un psychologue, ne peuvent parler avec d'autres détenus sans quoi ceux-ci sont immédiatement mis en observation", pointe l'avocat Nicolas Cohen, président de la section belge de l'Observatoire international des prisons.

Second volet contesté par les détenus: l'absence de débat contradictoire sur les conditions de leur détention, laissées à l'appréciation de l'administration pénitentiaire. "L'objet du recours n'est pas de demander leur sortie de prison, ni même de l'aile Deradex. Il est d'affirmer l'Etat de droit, qui suppose la possibilité de contradiction. Nous rejoignons en ce sens la question posée par Me Bruno Dayez, l'avocat de Marc Dutroux: les règles de droit s'appliquent-elles dans les cas extrêmes?", poursuit Maître Cohen.

La sortie de prison de Jean-Louis Denis, libre dans trois semaines sera certainement l'occasion de médiatiser ces questions fondamentales dans un état de droit.

(LpR/Picture : Belga)

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