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L'alcoolisme: nouveau fléau des médecins spécialisés

Une enquête de l'Université d'Anvers, réalisée en 2012, dresse un constat inquiétant après avoir analysé l'abus d'alcool sous l'angle de la profession, relaye le magazine Médor sous la plume d'Anne-Cécile Huwart.

Sur les 1.501 médecins interrogés, pas moins de 18% d'entre eux avouent être touchés par l'abus d'alcool. A titre de comparaison, dans la population belge, la proportion de personnes buvant de l'alcool de manière abusive est de 10%.

Cette réalité est surtout criante chez les médecins spécialistes. Ainsi, l'excès d'alcool concernerait 23,1 % des médecins en gynécologie obstétrique, 19,7 % en psychiatrie et neurologie, 19% en anesthésie-réanimation et 15,4 % en chirurgie.

Comment s'expliquent ces statistiques interpellantes dans ce secteur où boire est encore plus transgressif que dans d'autres professions? Le premier facteur de cette consommation 'dangereuse' s'explique par le stress et la charge émotionnelle assumée par les médecins spécialisés. Confrontés quotidiennement à des personnes en souffrance et des décès, nos blouses blanches ne vont pas bien.

Ajoutez à cela que nos médecins prestent entre 50 et 80 heures de travail par semaine, ce qui entraine épuisement physique et psychique. A ce titre, une autre étude de la KUL avait pointé, en 2012 toujours, que 17,8 % de nos médecins étaient à deux doigts du burn out et 5,4% en avaient été réellement victimes. Les chirurgiens, confrontés quotidiennement à des interventions vitales, seraient les plus touchés par le stress au travail.

Autre facteur dénoncé: la recherche de rentabilité des établissements hospitaliers. En 2017, le gouvernement a imposé aux hôpitaux de réaliser 92 millions d'économies. Résultat: il faut donc donc traiter "au meilleur prix un maximum de patients".

La plupart des médecins ne boivent pas au boulot, mais quand ils rentrent chez eux. S'ils ont la gueule de bois le lendemain, ils ne vont pas travailler, avec pour résultat une surcharge supplémentaire pour leurs collègues.

Conscient de ce phénomène, les instances médicales ont décidé de prendre le taureau par les cornes. Elles ont créé en 2016, une plateforme "Médecins en difficulté", un lieu où les médecins peuvent affronter les problèmes psychiques (dépressions, burn out) et lutter contre les assuétudes. Pour l'heure, l'organisme a reçu 180 demandes.

Ces femmes et ces hommes au chevet de notre société et avec des responsabilités hors normes méritent que la collectivité prenne soin d'eux, conclut à juste titre le magazine.

(FvE / evergreen - Source : Médor / Illustration Picture: Pixabay)

 

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