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Comment dompter notre colère en temps de crise ?

Face à l’obstacle, devant l’impuissance, colère et humour sont les principaux mécanismes de défense auxquels nous nous référons. La crise de ce début d’année 2020 n’épargne personne. Mis à l’épreuve, il demeure parfois difficile de ne pas être aveuglés par la noirceur de la situation… Et pourtant, des lueurs d’espoir brillent chaque seconde un peu partout, il nous faut juste changer de regard.

Dans ce tourbillon d’informations négatives, nous sentons que la coupe est pleine, que l’explosion est proche, qu’elle se tient prête à tout envoyer valser, là, sous une couche d’amertume et de rancœurs. Oui, nous en voulons à tous ceux qui peuvent, potentiellement, prendre une part de responsabilité dans ce que nous endurons. Des médias aux politiques, jusqu’à notre voisin de pallier, personne ne fait exception. Il s’agit de ce qui est couramment appelé le phénomène de bouc émissaire. Nous transposons notre tremblement interne sur les personnes qui nous entourent, en particulier nos proches. « Le bouc émissaire est celui qui emporte la part sombre qui est en nous et qu’on n’a pas envie de voir. Dans la situation actuelle, cette partie sombre est beaucoup plus visible. » explique le psychologue Jean Van Hemelrijck dans son interview pour la RTBF . Si la colère est la preuve que notre mental fonctionne bien, s’il s’agit d’une émotion naturellement ressentie, elle n’en demeure pas moins un danger. Excessive et nourrie jusqu’au gavage, elle dévaste tout sur son passage… Si elle nécessite une évacuation certaine, elle ne doit surtout blesser personne dans son extériorisation. La limite est vite franchie. Alors, comment ne pas donner trop d’ampleur à la colère ? Comment la maitriser et surtout ne pas la reporter sur l’autre, en particulier celui qui nous est proche ?

A l’heure actuelle, il n’y a plus de distinction entre nous et les autres. Nous sommes le groupe au travers de la crise que nous vivons. Chacun se confine, se plie (consciencieusement) aux mesures sanitaires et par conséquent tout le monde se ressemble. La colère débarque en grande partie afin de séparer le groupe de nous-mêmes, en vue de mettre de la distance et de nous réapproprier un peu d’identité singulière. Pour l'apaiser, n’employons pas ceux qui nous entourent comme supports à nos débordements. Ce qui peut incarner la colère doit être symbolisé par des objets : un ballon dans lequel nous frappons, un tapis de course, une corde à sauter, du plastique à bulles… Tout ce qui peut subir nos grondements sans effet destructeur est bon à prendre.

Souffler. Pour calmer la colère, il est également conseillé d’activer le corps, d’inspirer profondément et d’expirer tout le surplus de frustration. Le sport offre un excellent canal d’évacuation. L’objectif est de se battre contre nous-mêmes, de se surpasser mentalement et physiquement, de se challenger. Le mérite et la fierté d’avoir atteint notre but viennent peu à peu dissiper la colère qui nous anime.

Ecrire. Les mots libèrent, ils ne jugent pas. Nous pouvons tout noter, effacer, barrer. Les écrits personnels ne sont destinés qu’à nos émotions, ils sont le réceptacle de ce qui nous habite, ils gardent nos secrets et combattent nos ennemis internes. Utilisons de préférence les mots pour atténuer l’hostilité qui se forme en nous. Le pouvoir d’extériorisation se trouve au bout de notre plume. Et si nous nous distinguions des autres par notre capacité de rédaction, notre besoin de prendre appui sur la langue écrite ? C’est également une manière constructive de marquer une séparation avec le groupe.

La colère gronde, pulse dans notre corps, rien de plus normal. Toutefois, essayons de diminuer l’influence de cette émotion en adoptant une attitude positive. Ne soyons pas toujours abasourdis par ce qui tourne mal et ceux qui prennent de mauvaises décisions, restons aussi ouverts à tout ce qui est compétent, à cette énergie incroyable déployée pour nous sortir de la crise.

(Anne-Sophie Debauche - Source : RTBF - Illustration : Pixabay - Engin_Akyurt)

Anne-Sophie Debauche

Anne-Sophie Debauche

Rédactrice web - bien être et beauté au naturel - testeuse cosmétiques - écriture addict

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