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Charles Michel ne cèdera pas. Gouvernement en danger?

Le discours de Charles Michel (MR), jeudi devant la Chambre, était très attendu alors que la question de la signature du Pacte des Nations Unies sur les migrations continue de faire tanguer le gouvernement fédéral.

Le Premier Ministre a mis les points sur les i et a rappelé sa ferme intention de signer le pacte, après avoir été interpellé par plusieurs députés. "Nous avons défendu dans ce gouvernement une règle ferme et humaine, compatible avec le droit international. Mais sans angélisme, avec des frontières surveillées, contrôlées, en coopération avec d'autres pays."

L'opposition, elle, a reproché à Charles Michel de ne parler qu'en son nom et pas en celui du gouvernement et de manquer de clarté, puisque la N-VA et Theo Francken en particulier, ont rappelé leur ferme opposition à ce pacte.

Les nationalistes flamands ne veulent pas de ce texte susceptible, selon eux, de dicter à terme à la Belgique une politique migratoire trop ouverte. Au sein de la coalition suédoise, les tensions sont tellement fortes que certains ont agité le spectre d’une possible chute du gouvernement fédéral à 5 mois à peine des élections.

"Charles Michel ne cédera pas. C'est lui qui détient les clés de l’agenda. La N-VA ne peut dicter le rythme sur ce dossier car elle est isolée au sein de ce gouvernement. Si les autres partis flamands soutenaient le dossier, ce serait différent. Mais l'Open-Vld et le CD&V sont favorables au pacte des migrations. Et puis, même si la N-VA se retirait, le gouvernement pourrait continuer en étant minoritaire. Même si je ne crois pas à ce dernier scénario", explique une source proche du gouvernement.

Les libéraux sont prêts à jouer leur va-tout, car la N-VA ne pourra pas pousser le bouchon trop loin. "Pour la N-VA, faire chuter le gouvernement sur ce sujet signifierait tomber dans l'isolement politique. (...) Le MR a toujours été sur une ligne divergente de la N-VA sur le thème de l'immigration, mais tant que cela ne se marquait pas dans les actes, il n'y avait pas de contradiction. Il ne faut pas donner trop d'importance aux tweets de Theo Francken."

Il semblerait donc qu'on se dirige vers la signature d'une déclaration interprétative, dans laquelle chaque parti consignerait sa position et exprimerait ses réserves, pour sauver la face.

Mais, au sein de la N-VA, les discussions sont vives entre une aile dure et une autre, plus influente, qui ne souhaite pas faire tomber le gouvernement sur ce dossier.

"La situation n'est pas aussi grave qu'on la présente dans les médias", précise un poids lourd de la N-VA qui suit le dossier en interne. "Il reste encore une semaine avant le sommet de Marrakech et le jour où le texte doit être signé. Nous avons fait connaître nos divergences de fond, mais le but n'est pas de faire tomber le gouvernement."

Ce qui est certain, c'est qu'une marche arrière sur ce dossier serait sans doute catastrophique pour l'image de Charles Michel: le chef du gouvernement a promis à la tribune de l'ONU que la Belgique signerait ce texte lors du sommet de Marrakech. Et les élections sont dans cinq mois. Pour les libéraux francophones, ce n'est pas le moment de donner l'image d'un parti aux ordres de la N-VA.

(LpR/Picture : Belga)

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