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Vers la fin des voitures de société?

La Belgique est une des championnes incontestées des voitures de société. Avec 954.789 unités 2018 selon la Febiac (en incluant le leasing), les voitures de société représentent 16,5 % du parc automobile belge. Rien de très étonnant à cela puisque, par le truchement des déductions fiscales, acheter une voiture à un employé revient pour une entreprise nettement moins cher que d’augmenter son salaire.

Aujourd'hui, Ecolo-Groen, première force politique du pays selon les derniers sondages, souhaite mettre un terme à ce système. "Il n’est pas normal que dans ce pays, l’État subventionne les embouteillages et le carburant. Nous défendons, avec Ecolo-Groen, la sortie du système de voiture-salaire. L’Allemagne est parvenue à le faire en à peine 5 ans", souligne Gilles Vanden Burre, député Ecolo.

Selon les écologistes, les voitures de société coûtent chaque année de 3,5 à 4 milliards d'euros aux finances publiques. Un chiffre contesté par Johan Van Overtveldt (N-VA), ex-ministre des Finances, qui estimait ce coût à 2 milliards d'euros.

"Pourquoi continuer à faire subsidier ce système par l’État, à encourager les cartes carburant ? Cet argent, nous voulons le mettre dans autre chose. Il ne s’agit pas d’ouvrir un tiroir à gauche et d’en refermer un à droite. Notre programme est global : nous n’allons pas transférer ces sommes dans un autre objectif de manière isolée. Il faut un shift alternatif écologiste et global. On doit sortir de la voiture de société dans un horizon de 5 ans, comme l’a fait l’Allemagne," insiste le député Ecolo.

Selon Ecolo, l'alternative à cette déduction fiscale, ce sont des investissements massifs dans les transports en commun. "Il nous faut un parc-mobilité multimodal : du vélo, de la trottinette, des voitures en location, etc. On doit réinvestir dans le train (...) Il faut réinvestir dans les petites gares en passe de disparaître. De leur côté, les entreprises seront toujours libres de mettre des voitures à disposition de leur personnel. Mais ce n’est pas à l’État de subventionner cela", explique Gilles Vanden Burre.

Ecolo plaide aussi pour la gratuité des transports en commun pour les moins de 25 ans et les seniors, mais aussi pour les populations les plus précarisées, comme les demandeurs d’emploi.

Début février, les présidents des partis politiques belges se sont retrouvés à l’initiative de la FEB. Le régime des voitures de société était un des thèmes de discussion. Si le PS et les verts sont en faveur de leur suppression pure et simple, la N-VA, l’Open-VLD et le MR sont nettement plus circonspects.

Mais, si les approches diffèrent, aucun parti ne plaide aujourd'hui pour un statu quo. La voiture de société telle que nous la connaissons, vit peut-être son chant du cygne.

(LpR/Picture : Pixabay)

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Journaliste FR @Tagtik - Rubriques politique - société - économie - conflits

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