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Que deviennent les exclus du chômage?

Que deviennent les exclus du chômage ? Que se passe-t-il lorsque ces personnes arrivent en fin de droit? C'est pour répondre à ces questions que le Forem a mené une étude très révélatrice. À ce stade, ce n'est encore qu'un document interne, dont La Libre a publié les premiers extraits.

Rappelons d'abord que, depuis janvier 2015, le droit aux allocations d’insertion est limité à 36 mois. Ces allocations sont versées, après un stage d’insertion, aux chômeurs qui n’ont pas encore suffisamment travaillé pour bénéficier d’allocations de chômage.

L’étude du Forem porte sur les personnes exclues en Wallonie pendant la seule année 2015, soit 19. 195 personnes. But de cette étude: comprendre ce que sont devenues ces personnes deux ans après la fin de leurs allocations.

Résultat : seul un quart d’entre eux (26,3 %) avait trouvé un job (soit 5 % de moins qu’un "groupe de référence" comparable). Plus de la moitié (53  %) n’était ni au travail, ni en formation, ni inscrit au Forem (contre 30,0 % dans le groupe de référence). La fin de leurs droits semble donc avoir eu pour conséquence d’éloigner ces personnes de l’emploi, de la formation et de l’organisme censé les aider.

Afin d’en savoir davantage sur leur vécu, le Forem a interrogé, par téléphone, en octobre 2018, 1. 293 personnes exclues des allocations d’insertion.

Leurs avis sont quasi unanimes concernant la façon dont a été vécue l’exclusion. Pour les personnes interrogées, la fin de droit a été perçue avant tout comme "une injustice", parce qu’ils recherchaient activement un emploi. Et quand on leur demande de quoi ils auraient eu le plus besoin dans leur recherche d’emploi, la réponse qui revient le plus souvent est : "recevoir plus d’offres d’emploi".

Parmi les exclus des allocations, certains ne recherchent pas d’emploi. Quand on leur demande pourquoi, les intéressés évoquent d’abord des problèmes de santé et d’autres problèmes personnels. Un quart d'entre eux déclare que la recherche d’emploi n’est pas leur première priorité. "Les personnes en fin de droit subissent une perte de revenus. Les questions d’argent, familiales, de logement,… se posent encore avec plus d’acuité pour elles et la recherche d’emploi qui demande du temps et de l’énergie peut passer au second plan", précisent les auteurs de l’étude.

Financièrement, quatre exclus sur 10 comptent sur la solidarité familiale et 38,9 % sur des allocations publiques. 17,4 % affirment même ne disposer d'aucune ressource !

S’offrir des loisirs (22,5 %), rechercher un emploi (22,2 %) et se soigner (18,8 %) deviennent des difficultés majeures suite à cette perte de revenus.

"Il est possible d’imaginer qu’une partie du temps consacré à la recherche d’emploi – sans doute déjà difficile avant la mise en œuvre de la mesure – est désormais consacrée à la recherche de moyens de subsistance", conclut l'étude.

(LpR/Photo by Ev on Unsplash)

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