Tagtik

Après chaque attentat, l'odieux business des images

L'attaque du marché de Noël, mardi soir à Strasbourg, ne fait évidemment pas exception à la règle. Mais comme pour tout bon business qui se respecte, il faut être deux pour faire des affaires. Mercredi matin, dans la foulée de l'attentat, la rédaction de la RTBF recevait un coup de téléphone. Au bout du fil, un quidam affirmant détenir des images des faits et prêt à les vendre au plus offrant.

"On lui a demandé de nous les envoyer, pour pouvoir vérifier leur pertinence. Mais très vite, dans la conversation, il nous a laissé entendre qu'il les avait récupérées sur les réseaux sociaux avant qu'elles ne soient dépubliées par Facebook comme contenu inapproprié. Il n'était donc pas propriétaire de ces images qu'il voulait nous vendre", explique Radia Sadani, journaliste à la RTBF.

Des propositions de ce type, la presse en reçoit des dizaines, preuve qu'un business douteux s'est développé ces dernières années autour des images d'attentats et de catastrophes.

Quentin Warlop, journaliste à la RTBF raconte ce qu'il a vécu après l'assaut de la police à Saint-Denis, où Chakib Akrouh, Abdelhamid Abaaoud et Hasna Ait Boulahcen perdront la vie, cinq jours après les attentats de Paris. "Au maximum une heure après l'assaut, des riverains du quartier faisaient le tour de tous les médias internationaux qui étaient là, pour vendre des images de l'assaut", explique-t-il, tout en pointant le comportement peu scrupuleux, voire malodorant, de certains confrères.

"On n'a jamais acheté ce genre d'images, mais je me souviens des médias anglo-saxons notamment qui sortaient du cash pour payer les images. Et l'après-midi, je les ai entendus se plaindre que ces mêmes images qu'ils avaient payées jusqu'à 500 euros passaient aussi sur d'autres médias", se souvient-il.

Dans ce véritable bourbier déontologique, la RTBF tente de maintenir un cap raisonnable. Si la chaîne publique achète régulièrement des images à d'autres médias, elle ne le fait qu'exceptionnellement pour du matériel proposé par des particuliers. "En France, c'est un très gros business. En Belgique, ça dépend des médias. Ce n'est pas dans nos traditions, à la RTBF d'acheter des images", souligne Bruno Clément, le rédacteur en chef du Journal télévisé.

(LpR - Source: RTBF /Picture: Pixabay)

LpR

LpR

Journaliste FR @Tagtik - Rubriques politique - société - économie - conflits

Pour aller plus loin